Un film de George E. Middleton et William Nigh avec Beatriz Michelena, House Peters, Matt Snyder et William Nigh
En 1849, durant la ruée vers l'or en Californie, Salomy Jane Clay (B. Michelena) et son père Maddison Clay (M. Snyder) arrivent dans une ville champignon, Hangtown. Le vieux Clay est poursuivi la haine tenace d'un ennemi de sa famille. De son côté, la belle Salomy est convoitée par trois soupirants...
En cette année 1914, le western long-métrage est devenu commun sur les écrans américains avec The Bargain (1914, R. Barker) et The Spoilers (1914, C. Campbell). Contrairement aux deux films précédemment cités, ce Salomy Jane a été produit par une petite compagnie de production nommée la California Motion Picture Corp. qui est implantée à San Francisco. C'est donc dans la région de San Francisco, dans la forêt de séquoias géants, que le film est tourné. Ce film remet en question la dominance des grands studios sur la production de l'époque. En effet, ce Salomy Jane n'a vraiment pas à rougir face aux productions de T.H. Ince. Il réussit à combiner une beauté visuelle et une complexité des intrigues que l'on aurait pas soupçonné pour une telle production. Le scénario est une adaptation d'un roman de Bret Harte, un romancier américain fréquemment adapté au cinéma pour sa description du Far-West de The Half-Breed (1916, A. Dwan) avec Douglas Fairbanks à Tennessee's Partner (1955, A. Dwan) avec John Payne. L'héroïne, Salomy Jane, est interprétée par une star du théâtre d'origine vénézuelienne, Beatriz Michelena. C'est son premier film, mais son nom est en vedette sur tous les cartons. A côté d'elle, on retrouve le Britannique House Peters, une des stars du cinéma des années 10. La structure narrative du film est déjà incroyablement complexe pour un film de 1914. Nous sommes dans une de ces villes champignon où les posses partent à la recherche des bandits avant de les pendre haut et court, sans autre forme de procès. Un bon à rien de Hangtown (un nom tout à fait approprié !) attaque la diligence. Une posse par à ses trousses ainsi qu'à celles de son complice. Pendant ce temps, un vieux bonhomme tente d'assassiner le père de Salomy suite à une rivalité ancestrale. Là-dessus se greffent les rivalités entre les hommes de la ville qui convoitent tous la belle Salomy. Celle-ci est une créature qui n'a pas froid aux yeux et refuse chacun de ses soupirants qu'elle trouve trop fades. Mais, lorsque l'un deux (Baldwin) tente d'abuser d'elle, elle demande à Rufe Waters (W. Nigh) de le tuer. Sur ces entrefaites, arrive un homme (House Peters) qui recherche le dénommé Baldwin, qui a abusé de sa soeur. C'est cet homme étranger qui va le tuer. Le film exploite d'une manière spectaculaire les extérieurs californiens qui vont de la forêt de séquoias jusqu'aux bords escarpés d'un fleuve qui sont l'occasion de cascades spectaculaires. Le film se termine par une poursuite haletante sur les eaux du fleuve. L'héroïne et le héros sont sur une barque alors que les chevaux de la posse fonce vers eux dans le lit du fleuve. La composition des images montre un sens artistique évident. Apparemment, le grand Hal Mohr, le futur cameraman de The Wedding March (1928, E. von Stroheim) a travaillé sur le film. Il faut aussi donner un grand coup de chapeau au musicien Stephen Horne qui accompagne d'une manière exemplaire ce film sur le DVD de du nouveau coffret Treasures V: The West (1898-1938). Utilisant le piano et la flûte, il sait exactement doser le rythme et l'atmosphère de chaque scène. En plus d'être un pianiste de grand talent avec une large palette de couleurs, il apporte au film un élan et un romantisme tout à fait irrésistible. Formidable !
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