Je me souviens de l'Ecole Marilyn Monroe dans Bianca de Nanni Moretti. C'était bien entendu de la fiction, un trait d'humour pour ainsi dire pasolinien. On peut également y voir la dénonciation de la Berlusconisation alors en cours de l'Italie, plus généralement y lire le triomphe de la culture de masse qui, chez nous, donna par exemple la mise en scène de l'officialisation surmédiatisée de la liaison Sarkozy-Bruni, orchestrée chez Disney par l'inénarrable Séguéla...
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Je me souviens de cette histoire racontée par mon ami bibliothécaire lors de la création du nouveau site de la médiathèque de sa ville. Il fut demandé aux employés du patrimoine de réfléchir au nom d'un écrivain que l'on pourrait associer au nouveau lieu. Après quelques intenses séances de brainstorming, fut proposé le nom de Marguerite Duras. L'auteur de la rue Saint-Benoît, figure incontestable de la littérature française, décédée en pleine gloire peu avant, et partant, susceptible de fédérer un facile consensus. Mais après enquête municipale, le premier élu de la ville s'insurgea devant ce choix dû à ces « sales intellos gauchistes de la bibli », Duras étant qualifiée de dangereuse communiste en raison de l'amitié qui l'avait liée à... François Mitterrand. N'écoutant que son courage, et n'entendant pas sa bêtise, le maire imposa, en conseil municipal, le nom de son père, maire avant lui de la même ville 35 ans durant. Quelques années plus tard, quand fut contruit un nouveau gymnase, notre élu ne s'embarrassa plus de consultation et accola à la salle de sport le nom de Robert Pandraud, grand sportif, figure comme on le sait de la voltige. Et mon ami de préciser que, dans la ville voisine, le théâtre porte le nom d'Espace Thierry Le Luron.
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Je me souviens de cette histoire véridique, racontée par une amie allemande, employée de la Librairie Bertold Brecht, à Francfort. Je ne dis pas tous les jours, mais parfois, il n'était pas rare qu'au téléphone, un interlocuteur - un créancier, un éditeur ou un représentant - demande à parler au directeur de la librairie, Monsieur Brecht...
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Je suis repassé l'autre dimanche, en raccompagnant mes filles, devant le CLIC, le Centre local d'information et de coordination gérontologique Annie Girardot. Je ne connais pas le process, comme on dit aujourd'hui, qui a mené au choix de ce nom. Ni les liens, s'ils ont existé, entre la comédienne et notre ville. Je me demande si c'est le souvenir de l'image de la vieille femme un peu perdue par l'Alzheimer ou l'un de ses nombreux rôles qui ont ému et décidé les décideurs.
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Je serais également curieux de savoir ce qui a mené la ville de Faches Thumesnil, dans le Nord, à l'élection de Samuel Beckett pour nommer son Centre Transitoire Social et Thérapeutique, spécialisé, si j'ai bien compris, dans la psychiatrie. Je connais mal la biographie de l'auteur de Molloy, mais si j'en crois le facétieux Enrique Vila-Matas, le Nobel de littérature de 1969 aurait fini sa vie interné en HP. Hommage du monde scientifique à la mémoire d'un grand malade ? Ou victoire définitive de l'absurde ?
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