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Aria del mese


Ceux qui ont la lourde stupide prunelle policière qui vrille, et ceux qui ont l'inactuel absurde ton de commandement, il faut bien vite les pousser et les cantonner et les empoigner et les maintenir – c'est facile si on ne croit plus au prestige –, puis leur broyer systématiquement comme à coup de crosse les doigts de pieds dans leurs bottes ou leurs bottines. Cela fera du fromage sanglant.
Il faut en tous cas habituer le peuple à voir les influences dues au prestige ravalées à ce qu'elles sont, qui est excrément. Du fait qu'il n'y a point d'idéal, point de découverte, rien de nouveau, d'urgent, à signifier au monde toujours stupidement nationaliste et capitaliste, du fait surtout qu'il n'y a point d'hommes – ceux qui se prétendent tels ne sont que des Césars de Cinéma – nulle obligation n'existe de trembler, ni d'acclamer, ni de se ranger en marche et en bel ordre devant l'excrément qui est cela qu'ils sont et qu'ils resteront dans la mémoire de ces temps de décri de l'esprit humain que résume le faux bond en avant des jeunesses actuelles. 
Il faut que le poète – l'individu sans monde – puisse à nouveau respirer divinement. Il faut que l'officialité qui a besoin de médiocrité et la médiocrité qui a besoin d'officialité soient ravalées, et que, de nouveau, l'on puisse faire quelques pas hors de Paris – j'ai le cœur d'appeler Paris terre d'opinion – sans qu'une race d'aquarellistes-espions ou de fliquesses qui prennent des notes aux chiottes dans une conversation libre ne s'attachent à vos syllabes comme des vampires.
Il ne faut plus de ces trous que font dans la conversation certains visages – des bellâtres –, ou un art qui ne s'explique pas.

C.A. Cingria, Aria del mese, ed. Fata Morgana

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